Virginité
Manuscrit donné au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale.
4e de couverture
Dans une campagne perdue, une jeune fille d’un autre temps parle à ses pensées. Elle refuse sa condition, sa mère s’en étonne, ses voisins la montrent du doigt. Quelle diablerie habite donc cette presque encore enfant ? Serait-ce la forêt trop proche qui l’enténèbre, lui prête ses idées noires ? Les arbres en effet se pressent en foule aux issues du village. Aspireraient-ils avec leurs troncs velus à supplanter les hommes ?Nous sommes à l’ouest, dans le pays des brumes du coeur, l’océan déferle pas si loin. Il en reste du sel dans la bouche, un soupçon d’amertume dans les paroles impardonnables de cette belle Marie Logeais dont chacun se scandalise.Un vieux siècle va finir et une jeunesse s’apprête roses aux joues à commencer le sien. Notre singulière héroïne, entre mille incertitudes, cherche manifestement la clairière, l’envolée d’un ciel clair. Mais la mousse, hélas, ne recouvre pas que les arbres : celle du lieu commun paralyse aussi toute initiative, engourdit toute chose. Réussira-t-elle à s’en dégager ? S’échapper enfin, exister pour elle seule ? Aimer peut-être ? Elle nous regarde. Ce livre se veut le roman de ses yeux noirs.
Extrait (première page)
Je suis Marie Logeais, une fille de village. Vous ne me connaissez pas. Mais qui vient aujourd’hui dans nos campagnes ? J’habite la maison après les maisons, là où le chemin tourne et se précipite. Vous ne pouvez pas me manquer, nos volets restent encore verts et il y a un jardinet devant chez nous et un pré derrière qu’on nous envie entre deux granges d’où à heures fixes émigrent vaille que vaille nos deux vaches. O que la ville semble loin ! Et pourtant la nôtre s’étage à quelques kilomètres sur une colline, mais pas une vraie ville comme Paris, simplement les maisons s’y pressent davantage qu’à Saint-Martin où les rues jouent moins les importantes. Pourquoi j’ai décidé de vous parler ?