La Croyance des Voleurs
Un roman de l'enfance, en bord de Loire, à Nantes. Première apparition de Samuel Canoby, le héros d'une série à demi autobiographique, partagée entre fiction et réalité.
Prix des Libraires 1989, prix de la Ville de Nantes, prix Vitet de l'Académie Française.
Le Monde (le feuilleton de Bertrand Poirot-Delpech)
L’air et les paroles
Il y a deux manières de faire quand un écrivain entreprend de raconter une enfance, généralement à partir de ses propres souvenirs. Ou il rapporte faits et propos du haut de l’âge mûr qu’il a atteint, y projetant avec attendrissement la logique et l’art de peindre venus ensuite; ce dédoublement touriste est le cas le plus fréquent, et ce peut être réussi, voyez Pagnol. Ou bien l’auteur tente de retouver du dedans le chaos de perceptions au milieu duquel l’enfant a découvert son corps en train d’exploser, le monde lointain entrevu à l’école, les aberrations et les hypocrisies des adultes proches, ainsi que le pouvoir mythifiant des mots, si ceux-ci, comme c’est normal chez un futur écrivain, l’ont précocement fasciné. Cette reconstitution artiste, on ne l’a vue à l’oeuvre, dans la précédente génération, que chez le Queneau de Zazie et chez Gary, versant Ajar. Parmi les auteurs vivants dans la force de l’âge, je ne vois que Chaillou et le Rezvani des Années-lumière qui tiennent ce périlleux pari. […]
Dès les premières phrases, un style distinct de la koiné, et qui n’appartient qu’à Sammy, nous implique de force dans la quarantaine, l’ostracisme presque l’autisme, où on l’a enfermé. Naïvetés à fendre l’âme, pure poésie et intuitions revanchardes se mêlent sans cesse dans la mesure qu’il prend du monde, et du savoir censé en rendre maître. […]
Sammy-Chaillou joue de la langue classique en la rechargeant d’approximations fiévreuses, en recomposant l’innocence sauvage et la chasse au bonheur propres à l’adolescence. Bien que le petit héros avoue ne pas savoir tenir un archet, il fait penser à un enfant qui tirerait d’un violon gracile pour musique baroque des accents rapeux de valse tsigane, comme ça d’instinct. (3 mars 1989) Lire l’article
Télérama (Michèle Gazier)
Un mal, des mots
« Chez nous on a une table, quatre chaises, plus l’éternité. » Voilà, c’est la première phrase, et on ne peut plus s’arrêter de lire. Souffle court et regard en alerte – Michel Chaillou a l’art d’écrire entre les mots – on est bousculé, ému, ébouriffé. (22 février 1989) Lire l’article
Le Nouvel Observateur (Jean-Louis Ezine)
En plein dans le Nil
On a beau dire ; rien ne se conserve mieux que l’éternité. Quand elle meuble la mémoire de chimère intactes, comme ici, quand elle fait un croche-pied au temps qui voudrait filer, « Se souvenir, écrivait naguère Chaillou, c’est comme prier :Dieu bouge au fond du sac. « Et Michel Chaillou est un fameux receleur d’émotions, qui nous ouvre là tout son sac. Un moment rare, à goûter les coudes sur la table, les poings dans les joues. (23 février 1989) Lire l’article
Le Figaro (Patrick Grainville)
La danse des mots
Les mots ne sont jamais à leur place, ils permutent, ils s’inversent, se contaminent, pêchent à la ligne, culbutent et frisent. Chaillou, c’est chamboule tout. (16 janvier 1989)
La Quinzaine littéraire (Francine de Martinoir)
Kleptomane
Voici que La Croyance des voleurs naît d’un miracle, les retrouvailles avec le garçonnet que Michel Chaillou a été, avec ses premières années enfouies bien loin. Ce miracle est possible grâce à la rencontre entre le mouvement de la narration, vif et plein de dialogues, et le pays intérieur, celui d’avant tous les récits, celui qu’on ne reconnaît parfois qu’au bout de longues années. (1er au 15 mars 1989) Lire l’article
Le Canard enchaîné (Dominique Durand)
La mémoire pyramide
Ici, dans une langue puissante, il nous montre que la littérature est un travail : un de ces travails, d’abord, où l’on immobilise le cheval que l’on va ferrer, et le travail de l’enfantement, aussi. Embarquez sur sa felouque. (25 janvier 1989) Lire l’article
L’Evénement du jeudi (André Clavel)
Chaillou, l’enfance d’un corsaire
Michel Chaillou dit souvent qu’il aimerait retomber en enfance. Mission accomplie : son dernier roman, une merveille, serpente sur les bas-côtés broussailleux de la mémoire et nous entraîne, à cloche-pied, vers un pays de Cocagne dont un adolescent est le prince. (16 février 1989) Lire l’article
L’Humanité (Claude Prévost)
L’art de doubler la vie
Si j’osais, je ne parlerais que du style. Car c’est bien lui qui, d’emblée, accroche le lecteur patient, attentif et gourmand. […] Michel Chaillou excelle dans ce que j’appellerai, faute de mieux, « la poésie du quotidien ». (18 janvier 1989)
Libération (Jean-Didier Wagneur)
Le pharaon de Nantes
La Croyance des voleurs témoigne de la volonté de Chaillou de poursuivre son travail sur le langage et le récit dans une perspective jusque là inédite. Il écrit ici un authentique roman populaire qui rompt à première vue avec ses livres étiquetés plus difficiles même si, thématiquement, La Croyance des voleurs appartient à la même caravane bibliographique. S’interdisant toute pose dans le populisme, c’est un livre nomade, de bonne aventure, un texte oriental qui déménage sans cesse. (12 janvier 1989)
Révolution (Bernard Chambaz)
La coursive d’Hermès
La Croyance des voleurs trace un livre d’une pureté et d’une puissance rares. Langue étincelante comme – en pays de Loire- l’herbe de février. Destin écrit (où ça ?), mais faut-il rappeler que l’histoire de l’Egypte a disparu dans les flammes de la Bibliothèque d’Alexandrie ? (10 février 1989) Lire l’article
La Vie
Le récit de Sam a des résonances psychanalytiques, parfois ésotériques, qui relèvent à la fois de la poésie, du romanesque ou de l’autobiographie. Le personnage est si fort qu’on le suit, irrésistiblement attiré. (16 février 1989)
Quoi lire Magazine
Michel Chaillou est un fameux conteur: il n’est sans doute pas loin de cet enfant qui parle fort et qui court vite, et qu’il fait si bien vivre à coups de phrases serrées, nerveuses et pleines de joyaux. (février 1989)
La Liberté de l’Est (Gérard Noël)
L’oeuvre poétique et inspirée d’un véritable alchimiste du langage
Ce roman se lit comme on boit une liqueur. En gardant dans la bouche, le goût très prenant des mots. Et qu’il est doux de se laissser envahir par l’ivresse qui nous gagne peu à peu à la lecture de ce roman envoûtant. Une pleine réussite. (7 février 1989) Lire l’article
Ouest-France (Daniel Yonnet)
Quand la Loire devient le Nil …
Michel Chaillou nous offre un roman de toute beauté. Son imagination de gosse est restée pure. Sa voix a conservé les angoisses d’antan. Ses grands-parents paternels sentent bon l’eau de javel, le pain chaud, l’honnêteté des simples et l’affection sans limite. (6 février 1989) Lire l’article
24 heures de Lausanne (Jean Pache)
Une descente en soi
Dans une langue d’une invention poétique constante, Michel Chaillou conte l’histoire d’un nœud . Samuel dit « la boule d’angoisse. » Il crée un picaresque de l’enfance, où vécu et imaginaire s’engrènent pareils au « mensonge à roue dentée ». (25 février 1989)
Le Dauphiné libéré (Didier Pobel)
Traversées du miroir
Et si, dans son dernier ouvrage, La Croyance des voleurs, Chaillou manifeste d’emblée son goût pour une sorte d’autobiograhie onirique, on ne lui reprochera pas de ne pas être en prise directe avec la vie, tant le langage est ici générateur d’un monde grouillant qui acquiert même souvent une dimension animiste. (28 février 1989)
Art press (interview par Philippe Diméo)
Michel Chaillou, l’enfance de la narration
C’est une langue éminemment sensuelle, toujours en crue, rythmée à l’extrême qui vient saturer l’espace de la narration. S’il atteste d’une évidente fidélité thématique, cet univers romanesque densément onirique, doué d’une mémoire littéraire peu commune, n’en redéploie pas moins constamment sa langue tout en soubresauts et palpitations haletantes. C’est que Michel Chaillou n’entremêle les époque et les lexiques les plus disparates qu’en vue d’une composition totale du monde et du moi qu’il voudrait sans résidu. […]
Roman populaire, roman initiatique, roman privé, roman fantastique. La croyance des voleurs offre une multitude de niveaux de lecture. Deux rythmicités, deux intentions s’y interpénètrent : la vitesse d’un temps progressif, linéaire, vient dialoguer avec les lenteurs d’un temps éternel – celui de la mémoire, d’une mémoire démesurée qui entend étreindre toute chose – trouvant dans l’Egypte ancienne son allégorie. Tout symboliquement le retour du personnage est un retour de l’enfant. L’enfant chaparde, son plus beau larcin c’est ce passé qu’il pétrit à un temps indifférencié pour mieux nier toute temporalité, toute séparation. Il s’agit aussi d’une protestation contre la mort. (n° 133, février 1989)
Dernières nouvelles d’Alsace (Danièle Brison)
L’Egypte de Sammy
La Croyance des voleurs n’est pas une reconstitution, une singerie de l’enfance. C’est tant d’années après, toujours et encore, ces mêmes mots en boule qui font voyage de tout, de rien. C’est excellent vraiment.(3 mars 1989) Lire l’article
Sud-Ouest Dimanche (Fabienne Bourseau)
L’art du tzigane
« Chez nous, on a une table, quatre chaises, plus l’éternité. » Telle est la première phrase de La croyance des voleurs, dernière composition – magistrale – de Michel Chaillou. Soit un récit des plus singuliers, haletant, puissant, mené à un train d’enfer. Une histoire de voleurs, une histoire de famille, une histoire d’âmes […] Une enfance perturbée et difficile , que Michel Chaillou restitue dans une langue capable de rattraper les chemins caillouteux de la jeunesse. pour ce il compose à la manière d’un musicien et fait du rythme son maître mot. Des chapitres brefs, dont les débuts se placent instinctivement dans l’éternité du livre, et une construction chaotique donnent au roman la saveur déroutante de la discordance, préférée ici – fort justement – à l’harmonie. ( 23 avril 1989)
La Presse (Jacques Folch-Ribas)
C’est le récit d’une enfance, celle du petit Samuel, qui pourrait être celle de mille autres. Un enfant vit près de son grand-père et de sa grand-mère en province. Il a aussi un secret qui fait de lui un voleur – presque. Il a des copains et des copines. Il a un rêve, enfin, comme tous les enfants ; le sien, c’est Egypte. Je ne vous en dis pas plus. Vous pousserez quelques ah, et oh, ce sera de la jouissance. Seul, il écrit ainsi.(28 janvier 1989)
Nouvelle revue de Lausanne (Valérie Bonard)
« La Croyance des voleurs », une fuite en Egypte
Ceux qui n’ont pas encore lu La Croyance des voleurs ont de la chance : ils pourront l’emporter en vacances. Où qu’ils aillent, ils seront en Egypte, quels qu’ils soient, ils retrouveront l’esprit d’enfance. Mais ce n’est pas cela seulement qui les enchantera. Ils découvriront le naturel, l’humour, la poésie de Chaillou, l’immédiateté de son langage, ses raccourcis, ses glissements, ses collages. (4 août 1989) Lire l’article
Radio
- Nuits magnétiques, France Culture 6 janvier 1989, « Enfance et Fiction ». Entretien de Michel Chaillou avec Marie-Louise Audiberti.
- Agora, France Culture 24 janvier 1989. Entretien avec Gilles Lapouge.
- Lettres ouvertes, France Culture 1 février 1989. Entretien avec Christian Giudicelli.
- Un livre des voix, France Culture 9 février 1989. Entretien avec Gilles Plazy. Textes lus par Gérard Caillaud.
- Du jour au lendemain, France Culture 1er mars 1989. Entretien avec Alain Veinstein.
- Interactif, Radio Suisse Romande 17 mars 1989. Entretien avec Jacques Beaufort.
Télévision
- Midi Cocktail, FR3 Nantes, 12 janvier 1989. Invité par Maette Chantrel et Christian Rolland.
- Journal télévisé, FR3 Midi Pyrénées, 13 mai 1989. Invité par Aline Pailler.
- Apostrophes, Antenne 2, 26 mai 1989. Invité par Bernard Pivot après le Prix des libraires.
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