Hésitations
Venir de temps à autre commercer avec le blanc de la page, essayer de se frayer un chemin dans le quotidien des nouvelles éparses de la planète. Les massacres au Kenya, des gens qui entrent chez d’autres et qui violent et tuent. Pauvre démocratie ! Les idées de gauche ou de droite n’ont rien à voir avec ce bain de sang. Est-ce encore une affaire d’opposition et de parti au pouvoir que ce carnage ? La suppression du Paris-Dakar, toute cette ferraille sur roues abandonnant enfin le désert qui retourne à sa virginité première. J’aime beaucoup le dernier livre de Jacques Roubaud Parc Sauvage, récemment publié aux éditions du Seuil. En particulier la grâce de sa narration, l’enfance de ses syllabes. Émouvante narration.
Je relis toujours Montaigne, sa phrase, nourriture si romanesque. Sa bouche d’ombre me parle, il écrit de tellement près qu’on l’entendrait presque remuer dans la chambre de ses mots. J’ai le sentiment, est-ce une affaire d’âge, et je suis vieux, de le saisir mieux désormais, enfin de le suivre à la trace, de l’entendre argumenter, se retourner pour convaincre. Qu’il change de paragraphe et je change d’avis avec lui. C’est une opinion tellement particulière qu’il nous sert qu’on s’enfonce à deux dans la solitude du propos, moi son lecteur et lui qui indique la route. Les Essais, ce magnifique exercice de familiarité avec l’absolu.
Les élections américaines. Le jeune sénateur Barack Obama en tête dans l’Iowa jeudi dernier qui paraît incarner une autre Amérique. Je ne sais rien de lui mais il semble avoir le visage de la réconciliation. Gagnera-t-il ?