Circonstances

3 décembre 2007

Découverte aujourd’hui, grâce à Internet, d’une petite cousine qui semble charmante à Orléans. Plusieurs voyages dans ma bibliothèque où je déniche un Dictionnaire de littérature datant de 1801 et dû à la plume fertile d’un certain abbé Sabatier de Castres. Fort intéressant à feuilleter pour saisir l’esprit versatile du temps qui passe. Ainsi, à l’article Diderot, dont j’admire tant la fraîcheur d’âme, voici ce que cet abbé écrit. Je recopie texto :

Denis Diderot, de l’Académie de Berlin, né à Langres en 1714, mort à Paris en 1784. Auteur plus prôné que savant, plus savant qu’homme d’esprit, plus homme d’esprit qu’homme de génie; écrivain incorrect, traducteur infidèle, métaphysicien hardi, moraliste dangereux, mauvais géomètre, physicien médiocre, philosophe enthousiaste, littérateur enfin qui a fait beaucoup d’ouvrages sans qu’on puisse dire que nous ayons de lui un bon livre. Telle est l’idée qu’on peut se former de Monsieur Diderot, quand on l’apprécie en lui-même, sans se laisser éblouir par les déclamations des avortons de la Philosophie dont il a fait entendre le premier les grands hurlements parmi nous.

Vingt ans après la mort de Diderot, voici donc ce qu’une certaine « élite » pensait de cet homme si important pour nous. Les contemporains savent-ils apprécier les ombres et les lumières d’une oeuvre de leur époque ? N’y aurait-il pas un dictionnaire à faire des erreurs du temps ? On peut se poser la question. Je change aussitôt de bouquin.

Il va être 18 h. La rumeur de la ville qui pour certains, j’en suis sûr, à cet instant se mue en romans. Un promeneur sur un pont, une passante qui n’en finit pas de passer. Une brasserie qui s’ébouriffe portes ouvertes sur le long trottoir. Point final.

Michel Chaillou