Vacances
A Noirmoutier, avec la lecture du ciel et du paysage, avant la reprise du blog qui ne saurait tarder …
Auto-stop avec Jean Giono
Durant quelques jours passés en famille à Saint-Malo devant la franchise de la mer, redécouverte d’un livre génial de Jean Giono, Les Grands Chemins, ou comment raconter une histoire sans la dire.
Un homme sur une route perdue fait de l’auto-stop et ses mots aussi. On lit, on attend avec lui le camion chargé d’acide qui va bientôt le prendre, le camion du sens de ce qui va suivre. On ne sait rien du personnage, peut-être que le prochain virage nous apprendra qui il est. L’homme fait copain-copain avec
Pan de Knut Hamsun (1859-1952)
Un étrange récit. Un homme respire en norvégien en lisière de forêt, flanqué d’un chien qui promène partout son ennui d’être seulement chien. Une hutte les abrite, enfin une hutte, disons plutôt une sorte d’excroissance végétale qui porte ce nom, une poussée abusive des halliers qui étend son couvert jusque sur le
Quelques images foréziennes
De retour du pays de l’Astrée et du Sentiment géographique, voici quelques images de mon voyage. Le texte du Sentiment était lu par les comédiens du théâtre du Jay, devant des lycéens d’abord, puis le
Pierre Loti, le roman d’un enfant
C’est un roman de la pénombre, le livre d’une enfance à demi éclairée dans une austère maison aux persiennes souvent closes, avec juste assez de lumière, de sens dans les mots disposés à l’aveugle pour avancer à tâtons dans l’inexprimable de vieilles heures rangées depuis des lustres au fond des armoires. Comment les épousseter, les réveiller, leur faire rendre gorge pour qu’elles nous restituent
Page de prose retrouvée
Retrouvé dans mes papiers une feuille jaune, « bulletin A.R.C. poésie », avec le texte que voici, écrit il y a 28 ans. Sans doute l’introduction à une lecture, au Musée d’art moderne de la ville de Paris.
Il s’agit de démarrer ensemble. Vous êtes moi, je suis vous. Nos coeurs battent la même heure, touffue, bocagère. Une nuit monte, le village à l’instant dépassé s’efface, feux éteints. Seul le café tabac qui fermait, le patron rangeant les chaises, vous permet encore de rougeoyer, caporal ordinaire d’un soir d’été. Vous fumez vagabond, les ronds dans l’air décrivent votre désir. Ne jamais forcer le centre, errer sur les marges, margelles, entendre le pays eau du puits, remonter par ses
Vagabondages
J’ai entrepris une lecture de récits de voyages. Sterne m’accompagne, Laurence Sterne, l’auteur inoubliable de Tristram Shandy, m’accompagne et me désole. Son sentimental voyage (A sentimental journey through France and Italy), plus sentimental que voyageur m’ennuie. Je le lis en édition bilingue, un oeil sur
Quelques instantanés de la soirée BnF
Quelques images supplémentaires de la réception BnF, hier au soir. Un reportage-photos complet, dû à la gentillesse d’un ami, est visible jusqu’à
La prose bousculée d’Armand Robin (1912-1961)
Un Breton, né du labour des champs et de l’océan qui fracasse
à la ferme de Kerfloc’h, nous dit-on
à Rostrenen, au collège, il apprend le français, le latin, le grec et surtout le Robin
une langue à nulle autre
Baudelaire en filature
Charles Asselineau (1820-1874), cet ami sensible de Baudelaire, lui consacra une biographie. Je viens de refermer ce petit livre publié aux éditions Le Temps qu’il fait dans leur collection « mémorables »avec une intelligente préface de Georges Haldas. Le ton en est simple et uni, loin et pourtant proche des émeutes de caractère de cet autre passant considérable.
Le feu Strindberg (1849-1912)
Toute traduction de cette œuvre magistrale en restitue la flamme nécessairement atténuée, certaines parmi les plus talentueuses s’approchant, au risque de s’y brûler, au plus près du foyer initial. C’est le cas du tome I de la Correspondance offerte dans un très bel exemplaire des éditions Zulma. L’ardeur des
Respiration et autres souffles
De Falkner à Faulkner ou la stridence d’un u.
140 lettres adressées de 1918 à 1925 à sa mère par le futur grand William, engagé dans l’aviation (la Royal Air Force) et qui vient d’ajouter un u à son nom. Et je ne sais toujours pas pourquoi j’ai lu cette correspondance publiée chez Gallimard dans la collection « Arcades » si avidement. Est-ce dans l’espoir d’y entendre, d’y repérer déjà les accents d’aube des futurs chefs d’œuvre que sont toujours
Hier soir à la BN
A la sortie d’une brillante exposition de la Bibliothèque Nationale vouée à la lecture, je me suis demandé si celle-ci était vraiment montrable, si ambitionner de la filmer, de la photographier en tous ses états ne conduisait pas immanquablement à n’attraper, figer que des postures ? L’essence de la lecture (sa fumée, son feu qui brûle le regard) ne risque-t-elle pas de s’évanouir dès qu’on s’efforce de la surprendre, cette tentative relevant même d’une certaine forme d’indécence comme de vouloir pénétrer par effraction dans la chambrée intime que constitue tout lecteur avec son livre ? Aussi ma gêne grandissait-elle de voir ainsi livrée au public intrus l’âme d’une solitude partagée qui se déshabille de page en page.
Mais je n’appartiens pas à cette société du spectacle, je suis d’un autre temps, d’un temps avec marges où j’aime m’accouder.