Biographie
Naissance le 15 juin 1930 à Nantes, rue de l’Arche Sèche. Enfance mouvementée. Parents trop jeunes qui vite se séparent, va à l’école de façon houleuse, aléatoire. A 14 ans se retrouve aide-comptable dans une épicerie en gros. S’exile au Maroc avec sa jeune mère, l’aide dans la gérance d’un restaurant : « A la mère Michèle », à Casablanca.
A vingt ans, échoue trois années de suite au baccalauréat, s’obstine , finit par obtenir sa peau d’âne. Sa mère part au Brésil, lui retourne en métropole, le voilà maître d’internat, surveillant d’externat dans les collèges bocagers de l’Académie de Poitiers, à Luçon, Pons, Melle, Thouars. Avec son maigre salaire s’est acheté un scooter, juché dessus manquera un jour un virage. En attendant lit beaucoup, dévore, un titre pousse l’autre. S’est inscrit en philosophie, obtient sa licence, passe le Capes de Lettres modernes, plaisir des études à la campagne, adore Berkeley, Hume, Malebranche, etc. Écrit peu, mais s’éprouve paradoxalement écrivain. Se marie. A vingt-sept ans, service militaire en Algérie, années délicates.
A trente ans, professeur de lettres aux lycée de jeunes filles de Niort, à Montmorillon. Divorce, finit par monter à Paris, détaché un an à l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud pour un stage audio-visuel, y fait la connaissance de Roland Barthes, s’essaie sous sa direction à une thèse « Le Visage au Cinéma », mais ne va pas plus loin que ce titre et commence un roman. A toujours vécu parmi les phrases, court d’une virgule à une autre, adore déjà La Fille du Capitaine de Pouchkine, cherche un style, une manière d’habiter les mots qui lui soit propre.
Le sujet d’un livre, les tours ingénieux de l’intrigue l’intéressent peu, rêve d’inventer des ouvrages qui soient des lieux de langage entre la confidence et le secret. Se marie une seconde fois. Michèle sa femme l’encourage. Il rencontre Philippe Soupault qui le recommande à George Lambrichs, directeur de la collection le Chemin chez Gallimard, lequel publiera au printemps 1968 son premier livre, Jonathamour, suivi deux ans plus tard de Collège Vaserman, un roman théâtral burlesque en vers et en prose (une pièce injouable, l’injouable lui paraissant soudain plus poétique que le jouable). En 1976, il publie Le Sentiment géographique, une pastorale, deux cents pages d’un projet fou qu’il met six ans à écrire. Il faut dire qu’entre temps un fils lui est né, David, aujourd’hui compositeur et universitaire.
Pour gagner sa vie (curieuse expression) Michel Chaillou reste professeur, d’abord au lycée municipal de Saint-Germain-en-Laye, puis détaché quelques années à la télévision scolaire où il produit de nombreuses émissions, comme par exemple Le Nouveau Télémaque, un feuilleton en cinq épisodes à l’intention des élèves de cinquième etc. etc., avant d’entrer dans l’enseignement supérieur comme maître-assistant dans un IUT, à Saint-Denis, puis dans la même localité, cette fois à l’Université de Paris VIII, en qualité de maître de conférences au département de littérature générale, avant de prendre sa retraite il y a une dizaine d’années. Entre temps crée une éphémère collection d’histoire littéraire, « Brèves littérature » chez Hatier (24 volumes publiés). Depuis ne fait qu’écrire, ou ne songe qu’à écrire.
Plusieurs directions dans son travail. Outre ses livres autobiographiques, tels La Croyance des voleurs, Mémoires de Melle, La Vie privée du désert, 1945, Le Dernier des Romains, La Fuite en Egypte ou le récit de voyage (La France fugitive), son œuvre se caractérise par des échappées de pur imaginaire comme Le Sentiment géographique, Domestique chez Montaigne, la fantaisie (Le Rêve de Saxe), voire le fantastique (la réalité et ses fantômes) par exemple : Le ciel touche à peine terre, Indigne Indigo, La Preuve par le chien, Le Crime du beau temps, et son dernier roman L’Hypothèse de l’ombre.
Bien entendu, tout ceci est amplement développé dans L’Ecoute intérieure, entretiens sur la littérature qu’il ne cessera d’interroger, ainsi que dans son Journal posthume.
Michel Chaillou était chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’Ordre du mérite.
Michel Chaillou par lui-même en 1988
Une autobiographie de 1999, au moment de La France fugitive (prix Cazes)
Ecrire : la réponse de Michel Chaillou en 2011