Angleterre
Le critère de Panurge toujours en action ce matin à cette radio où l’on classe les émissions de TV de la veille au soir selon leur audience. On en vient à souhaiter qu’il n’y ait plus personne devant le petit écran, ce qui serait un signe de qualité. Il faut donc que cela plaise à tout le monde, une expression que j’exècre, alors que chaque être est singulier, chaque chose unique.
Exemples : qui se préoccupe de l’air éperdu des oiseaux ? A la fenêtre cogne la tête hirsute du jour, qui se soucie d’en rassembler les traits ? Et la carte d’identité de l’heure ? Celle des instants magiques de la rêverie que plus aucune horloge n’égrène ? Cette matinée est grise, la pluie se retient tout juste de tomber. Notre Président se trouve en Angleterre, un pays dont la littérature est immense. Lire à tout prix Middlemarch de George Eliot. Bien sûr notre romancière est morte depuis 1880 mais les romans qu’elle laissa vivent toujours. Je cite de mémoire Adam Bede, Le Moulin sur la Floss, Silas Marner, etc.
La littérature, un art de feuilleter les secondes et les minutes pour déchiffrer enfin la figure légendaire du Temps. En voyant à la télévision les images de Nicolas Sarkozy dans ce magnifique pays, je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes ces ombres de la littérature anglaise, et bien sûr c’est peut-être ridicule, en premier aux sœurs Brontë, recluses dans leur lande du Yorkshire, ces femmes si créatives qui m’accompagnent depuis mon enfance. Je les imaginais dans la pauvreté de leur solitude mêlées à la foule anonyme se pressant sur le parcours du cortège présidentiel. Je rêvais aussi à cette langue anglaise que la mer syllabe (j’en suis sûr) en projetant l’écume de ses chimères autour de la Grande-Bretagne. J’arrête.