Humeur
Où ai-je lu récemment, dans quel journal, qu’un colloque allait se tenir sur la mort de la littérature où étaient conviés trente écrivains, j’allais dire survivants, pour analyser, j’imagine, le dernier souffle de la pauvrette, le roman de son ultime soupir, que sais-je encore ?
Les bras m’en tombent, j’en reste confondu ! Un tel colloque après décès, alors que la littérature c’est la vie même, sessecrets desseins, ses confidences d’âme à âme, celles des êtres parlant aux choses et réciproquement. Sans la littérature, l’herbe pousserait sans cervelle (si, si, elle en a), la pluie ne deviendrait pas à certaines heures divine chasseresse, et le soleil menuisier de nos ombres qu’il trace parfois à l’équerre. La littérature, la panique intérieure de l’univers, des étoiles, pure rhétorique de la nuit, qui errent sans but, se fondant, se confondant au-dessus de nos têtes. Comment toucher par l’esprit le fond du ciel si on n’en déroule pas la toile en ouvrant un livre, roman, poésie, théâtre, en devenant l’astronome de sa propre lecture ? Qui saisira mieux que la littérature le regard implacable sorti de l’orbite froid d’un étang ? Heureusement, il y a la jubilation des mares, marrantes évidemment.