Julien Gracq
Cet écrivain de grand talent vient de mourir à un âge assez avancé. J’égrène à voix basse comme une prière les titres de ses livres. Ce sentiment d’exil que me procure la moindre de ses phrases, comme un appel à des patries perdues. J’ai lu autrefois avec émotion Le rivage des Syrthes, Au château d’Argol, Un Beau Ténébreux. Depuis des années je ne le lis plus, mon chemin d’écriture s’est poursuivi ailleurs, mais je le savais là, au bord de la Loire, ce fleuve auprès duquel je suis né, la Loire, cette déclamation de la France jetée dans l’Océan. Je n’ai jamais vu Julien Gracq mais c’est comme si je l’avais rencontré tant ses livres font entendre sa voix rectiligne. Un écrivain c’est une solitude mais de savoir que la sienne a disparu me touche profondément. C’est tout.