Petit guide pédestre de la littérature française au XVIIe siècle (1600-1660)
4e de couverture
Paris sous Henri IV, Louis XIII. Malherbe parle à Racan, Maynard sort à l’instant. Au cabaret chahute Saint-Amant. Théophile est au cachot. Connaissez-vous Siméon-Guillaume de la Roque ? Sur le Pont-Neuf qui vient juste d’enjamber la Seine officie Tabarin. Comment ressusciter la rime de tous ces pas perdus ? Qui se rappelle Pierre Motin ? Lire comme on flâne, herborise, soucieux autant de la fleur du bien-dire que du mot mauvais garçon qui fait les poches des carrefours. Déambuler, paresser dans l’air du temps, attentif aux mille détours de la phrase, à ceux de la rue, cette autre phrase. Ce petit guide du Tout-Paris littéraire du XVIIe siècle mutine des portes, les entrebâille, les ouvre, s’efforce de prendre un siècle en filature, tant d’ombres évanouies, d’auteurs que plus personne ne réclame. Subsistent heureusement leurs livres, cette autre façon de trébucher sur un seuil, d’entrevoir les premières marches d’une histoire et le ciel à la lucarne qui alors l’abritait, les nuages, le souvenir vain d’anciens soleils.
Extraits (1re page)
Avis au lecteur
Cette histoire de la littérature commence dans la rue, au hasard des rencontres, au soleil, à l’ombre, les pieds dans la crotte – elle sent fort à Paris au début du dix-septième, la terre du cimetière des Innocents dissoudrait un corps en quelques heures. Cette histoire de la littérature sera brève, le temps d’ouvrir une porte, de tirer un livre, de déranger quelques chaises. Des vies s’en sont allées. Comment faire pour qu’elles reviennent ? Malherbe logea à L’Image Notre-Dame, rue Croix-des-Petits-Champs, Corneille rue d’Argenteuil, cherchant éperdument la rime à l’étage au-dessus de son frère Thomas. Scarron aux Douze Portes dans le Marais, chambre sur cour. Pascal aurait composé Les Provinciales à l’auberge de la rue des Poirées, près de l’actuel lycée Louis-le-Grand. On imagine le mobilier succint, lit, table écornée par les veilles, l’ardeur des arguments, le frais carreau. On suppose le dehors, sa fureur, ses mille cris débardeurs : « Hareng soret, hareng de la nuit, honte aux souliers vieux, foin, du foin, anis fleuri, mon bel anis », etc. Comment retrouver Cyrano ? Il n’habite pas Bergerac. On ne dispose pas encore sous Henri IV du bottin vivant que sera en 1721 le nommé Herpin qui vous conduisait lui-même à l’adresse demandée, ou du vieux Germain Brice. Il louait en 1684 ses services aux riches étrangers. Sa Description nouvelle de Paris et recherche des singularités qui s’y trouvent n’est qu’un résumé de ses courses. Cette histoire résume les nôtres : singulières, hâtives (la hâte est notre manteau de voyage), tout un XVIIe siècle (jusqu’à 1660) parcouru, fouillé, remué en tous sens. On a lu à perdre haleine (tant de monde à voir), prenant parfois juste la peine de soulever le loquet d’un nom, de débrider quelques pages. L’essentiel était de nommer, de rappeler à voix haute. L’infini nomination d’un siècle, ces ombres que le temps avala, temps de ces morts devenus des livres, hommes et femmes avec marge …
A propos de la collection « Brèves Littérature » (note de Michel Chaillou)
La Fleur des rues est la réédition sous un nouveau titre du Petit guide pédestre de la littérature française au XVIIe siècle, 1600-1660, le livre fondateur de la collection Brèves Littérature créée chez Hatier au département Littérature générale dirigé par Colline Faure-Poirée, et que j’ai animée de 1990 à 1996.
Il s’agissait dans mon esprit de réaliser une vaste encyclopédie du style. L’éditeur ne m’a suivi que pour les 24 premiers volumes.
Pour en savoir plus sur le projet, on peut écouter l’émission de Frédéric Palierne et Jean-François Marquet « La collection comme académie » (France-Culture, 21 août 2008). J’y explique la naissance de la collection « Brèves », en compagnie de l’un des auteurs, Pierre Pachet.
La collection Brèves Littérature